Shazam version 2.0.2.1
2021
Multiplicité des cadres dans ce Shazam version 2.0.2.1, véritable hommage au cinéma : des écrans suspendus offrent des séquences de films, les glaces reflètent les corps au-dessus des silhouettes ou bien les dédoublent, transformant les danseurs en images hypnotiques, les reflets se perdent dans un bleu électrique. Shazam version 2.0.2.1 crie « abracadabra » et transforme chaque numéro en une nouvelle pirouette, où tableaux après tableaux, un danseur face public nous livre un instant d'ironie, d'humour vagabonds.
En rassemblant autant que possible les interprètes d'origine de la pièce, rejoints par d'autres à qui elle a été transmise, nous souhaitons que la création émerge d'un désir de fidélité, comme la différence jaillit de la répétition. Revisiter cette pièce est l'occasion de la confronter au changement des corps mais aussi des regards et des esthétiques.
Cette reprise est pour nous aussi une question : en admettant que la danse est un art des plus éphémères, reposant essentiellement sur les corps fragiles et changeants des interprètes, que peut-on faire reparaître des pièces du passé ? Faire reparaître, c'est à la fois des retrouvailles, des transformations, des pertes irrémédiables, des réinventions. Il est ici question de mémoire mais aussi d'oubli : de choses anciennes faites avec les corps nouveaux que nous avons. De même que les cellules se renouvellent sans cesse, la danse ne se fait qu'au présent.